dimanche 21 janvier 2018

"La révolution est mort-née si le mouvement qui prétend la porter rassemble dans une structure unitaire des carpettes, des boucs, des hyènes, des agneaux, des loups, des lions..."Komla Kpogli

CONVERSATION EN DIRECT DU MERCREDI 17 JANVIER 2018 AVEC LES AMIS SUR FACEBOOK 

"La révolution est mort-née si le mouvement qui prétend la porter rassemble dans une structure unitaire des carpettes, des boucs, des hyènes, des agneaux, des loups, des lions..."Komla Kpogli 

Adramelech Astaroth‪: Bonsoir, merci pour l'engouement, moi mes questions sont les suivantes :

Question 1: quelles perspectives de sortie de crise tout en écartant pour de bon ce régime criminel de l'agenda politique togolaise ? ‬

‪Question 2: Au niveau de la classe politique assiste t-on à ce qu'on appelle une limite d'action ? Ou y-a-t-il bien d'autres méthodes démocratiques pour sortir d'ornière. D'autant plus que la plage semble être la seule issue proposée par une tierce depuis plus de 6 ans déjà, improductifs bien sûr. ‬

‪Question 3: Vu l'élan du régime en place à rouler droit vers son programme référendaire, quelles solutions pour renverser la situation voire mettre fin au règne aveugle et criminel du pouvoir des Gnassingbé?

‪Question 4: Cinq mois de mobilisations, a-t-on vraiment eu d'acquis à part la fougue médiatique qu'a suscité les médias internationaux qui aujourd'hui semble être affaiblie et le cahier de charges du régime à aller à un dialogue alors qu'on rejetait celui ci au début ? Qu’est ce qui a pu changer souci de repenser d'autres pistes à renverser rapidement la vapeur‬.

Komla Kpogli :‪ Bonsoir, compatriote Adramelech Astaroth. Merci pour vos questions auxquelles je réponds comme suit:‬

‪Question 1: Tout d'abord, il faut dire que nous ne sommes pas dans une crise politique ordinaire. Nous avons une crise systémique dans le territoire africain du Togo, ce qui est par ailleurs la réalité de tous les enclos coloniaux africains abusivement appelés Etats. Nous sommes dans des cadres coloniaux avec des gouverneurs coloniaux négro-africains ayant remplacé le gouverneur blanc à la suite des parodies d'indépendance. Partant de cette observation de base, la seule et unique solution pour les africains de quel que territoire qu'ils soient pour retrouver leur pouvoir de décision perdu depuis de si longues années, c'est de faire des REVOLUTIONS complètes. ‬
‪Donc, les africains du Togo doivent faire une insurrection populaire totale pour se débarrasser de ce club de criminels qui les régente. Mais pour que cela soit fait, il faut un leadership visionnaire, stratège, courageux et muni des moyens les plus adaptés.‬

Komla Kpogli :‪ Question 2: Au vrai sens du terme, nous n'avons pas de classe politique au Togo et en Afrique. Ce qui est appelé l'Opposition dans nos territoires c'est juste la salle d'attente pour quelques personnes qui rêvent de prendre la place du Khalife siégeant dans le fameux fauteuil présidentiel. Entre deux élections truquées qui sont de véritables business, très souvent les partis soi-disant politiques passent leur temps à se faire des coups tordus avec les peuples tenus à distance. ‬
‪Au Togo, le régime criminel adossé solidement à la violence étatique et milicienne impose le respect. Ce pouvoir est nu depuis longtemps mais il tient encore parce que la violence qui est son dernier bastion n'a pas encore reçu la réponse appropriée de la part des masses populaires qui ont besoin maintenant d'être formées sur la canalisation de cette violence et sur sa destruction. Seule la stratégie de Tsunami populaire peut accomplir ce travail. C'est sur ce point précisément que nous voyons que le Leadership politico-civil actuel qui conduit les manifestations populaires n'a pas les éléments. Voilà pourquoi dans une démarche patriote, nous nous sommes approchés de certains groupes et personnes aux fins de les aider à renforcer les capacités insurrectionnelles, organisationnelles et opérationnelles de notre peuple africain du Togo. Mais, comme des chiens du jardinier, incapables de manger des choux mais empêchant les autres d'en prendre, nous avons heurté des difficultés énormes ne serait-ce que pour franchir les entourages de ces "leaders". Et quand nous avons réussi touché directement des "leaders", nous n'avons jamais eu l'oreille qu'il faut. ‬
‪Bref, la plage n'est pas la solution. C'est d'ailleurs le RPT qui a indiqué la plage à l'opposition qui lui obéit. Ce qui est en soi une contradiction de principe. ‬
‪Une révolution qui voudra se débarrasser du régime RPT doit se diriger vers les cibles du pouvoir de manière organisée.‬

Komla Kpogli :‪ Question 3: Seul un redéploiement du mouvement populaire en cours sur des bases entièrement repensées libérera le Togo. Cette course folle derrière une légendaire médiation, un dialogue tragicomique ou une hypothétique facilitation est une humiliation faite aux femmes et hommes de ce territoire qui sont ainsi présentés comme une bande d'incapables de se prendre en charge et de se libérer depuis plus de 51 ans maintenant d'une minorité criminelle conduite par les Gnassingbé. Dans la logique de cette réorientation stratégique du mouvement, la force qui manque jusqu'ici aux masses populaires du Togo doit provenir des togolais de l'étranger appelés "La diaspora" qui, eux-mêmes, doivent se structurer, s'organiser et travailler autour des idées claires portées par des patriotes en leur sein. Il est impératif de faire émerger une autre organisation au sein des masses populaires mobilisées dans la rue: des délégués doivent émerger avec des tâches et responsabilités définies clairement, une étude du terrain et de ses contraintes doit être faite, et enfin une planification doit être élaborée en partant de l'idée que seuls les togolais sont la solution.‬

Adramelech Astaroth : Et pour une derniere question: Dans les coulisses les partis politiques de l'opposition, celles dites radicales se préparent clandestinement pour les élections à venir, a mieux leur comprendre ils nous ont fait croire qu'il faille participer pour gagner du terrain afin de mieux combattre le régime, un éternel recommencement, selon vous est ce que cela ne semble pas être de la duplicité ou carrément de la complicité politique ?‬

Komla Kpogli : ‪ Aller à des élections dans un cadre colonial qui n'est pas encore libéré est une bêtise immense, sinon une complicité pure et simple avec le système. Mais, comme dit plus haut, l'Opposition dans nos territoires est une salle d'attente pour beaucoup de carriéristes politiciens désirant remplacer le roitelet installé dans le "fauteuil présidentiel", comme ils disent et pour capter les miettes de la rente issue de tout scrutin tragi-comique organisé par le pouvoir. Il faut le redire: la domination coloniale n'appelle ni l'élection ni le dialogue, mais l'Insurrection populaire organisée.‬

‪Kouessi Apam Johnson‪ : Bonsoir, je pense que vous avez suivi les propos de M Agadazi sur Kanal Fm concernant le caractère djihadiste de M. Atchadam et le PNP. Comment vous analysez ces propos? Y a-t-il une part de vérité dans tout ce que M. Agadazi à rencontrer ?‬

Komla Kpogli : Bonsoir, compatriote Kouessi Apam Johnson. Il faut écouter ce que dit l'adversaire ou l'ennemi pour savoir comment il pense et non pour être convaincu de son raisonnement et ses arguties. ‬
‪A l'échelle du défi qui nous confronte, Agadazi est un épiphénomène. Toutefois, il faut se rendre à l'évidence que le qualificatif de Djihadistes que le RPT attribue à certains éléments de la contestation populaire en cours dans le pays lui est suggéré par des officines israéliennes. Israël est le pays qui utilise cet attribut très souvent pour détruire toute opposition des palestiniens à son égard. Voilà pourquoi le Togo a voté en faveur du cadeau fait par Donald Trump à Israël en faisant de Jerusalem sa capitale. Par ailleurs, l'Egypte du général criminel Al Sissi, une marionnette d'Israël utilise aussi très régulièrement le terme de Djihadiste pour casser toute opposition à sa politique terroriste. Voilà également pourquoi cette Egypte et ce Togo là sont très amis. ‬
‪Mais tout ceci est une mauvaise blague. Le peuple du Togo triomphera.‬

Adramelech Astaroth :‪ Et mes questions 1et 4 ne m'ont pas largement satisfait.vous n'y avez pas été au bout, voire conclure. Merci beaucoup le patriote‬

Komla Kpogli : Question 4: Oui, il y a un acquis fondamental: la volonté clairement affichée des masses populaires de se débarrasser du système colonial dans lequel on a enfermé le territoire du Togo après la très brève parenthèse Olympio. Avec sa mobilisation généralisée, le peuple africain du Togo a montré encore une fois la nudité de Faure Gnassingbé et sa cour et leurs soutiens. On peut et on doit construire quelque chose de plus radical sur cet acquis. Toute l'intelligence d'un leadership visionnaire qui reste à édifier, consistera à identifier les éléments manquant à cette volonté populaire et les construire à l'aune d'une analyse plus profonde des forces et faiblesses du système RPT en face. Sans oublier d'analyser les forces et faiblesses des forces dites démocratiques pour écarter ce qu'il y a à écarter, corriger ce qu'il y a à corriger et renforcer ce qu'il y a à renforcer. ‬
‪J'aimerais aborder un dernier élément qui est un piège mortel pour toute idée révolutionnaire: c'est l'idée de l'unité. Un leadership qui veut vraiment conduire une lutte de libération doit savoir ce qu'il veut unir. Si l'unité doit rassembler dans une structure unitaire les carpettes, les boucs, les hyènes, les agneaux, les loups, les lions..., il faut dire que la révolution est mort-née. Voilà pourquoi le pacte principal que doit conclure le leadership révolutionnaire doit l'être avec le peuple et non avec les appareils politiques tirés de leur endormissement après avoir bu et mangé à tous les râteliers, corrompus et aux intérêts aussi divers qu'un pagne Kenté.‬

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