vendredi 8 février 2013

Une Europe qui frappe les pauvres sur son propre sol peut-elle aider les africains?


Nous l’avons toujours dit et répété : « l’aide aux pays africains » est un business qui rapporte gros aux donateurs qui se sont toujours présentés comme de bons samaritains ou une sorte d’envoyés de dieu chargés de prendre soin sur terre de l’homme noir. Les pays qui font le business de l’aide viennent de démontrer aux yeux du monde que si leur industrie, comme toute autre entreprise, ne génère pas de profits, elle doit fermer. Ce vendredi 8 février 2013, l’Union Européenne a décidé de réduire l’aide alimentaire qu’elle donne aux démunis sur son propre territoire. Dans le budget qu’elle vient d’adopter pour la période 2014-2020, l’enveloppe consacrée aux pauvres en Europe passe de 3,5 milliards d’euros à 2,5 milliards pour la période 2007-2013, soit une réduction de 1 milliard d'euros.



On pouvait comprendre cette décision si le nombre de pauvres en Europe baissait. Or, ce nombre n’a jamais été aussi haut, surtout avec la crise systémique qu’elle connaît depuis 2008. En France où il y a officiellement 8 millions de pauvres, sans compter les citoyens de seconde zone des DOM-TOM et de Mayotte, les Restos du Coeur,  qui distribuent chaque année des millions de repas, ont enregistré cette année une explosion des demandes d'aide. Plus largement, dans tout l’espace européen, les chiffres d’Eurostat parlent d’eux-mêmes. En 2010,  selon ses statistiques, Eurostat disait qu’il y a 115 millions de personnes menacées de pauvreté ou d’exclusion sociale. Ces chiffres ont évidemment augmenté avec la crise qui ne cesse de provoquer quotidiennement la fermeture de centaines voire de milliers de postes de travail dans l’espace européen où les plus grands patrons licencient et s’en mettent plein les poches. Les années à venir ne sont pas faites pour renverser radicalement cette tendance surtout lorsqu’on voit que c’est plutôt l’austérité qui est choisie comme porte de sortie.

Comme on le voit, le nombre de pauvres augmente en Europe au moment même où l’Union Européenne décide de baisser les finances du programme qu’elle a institué depuis 1987 pour venir en aide aux plus démunis sur son sol. Dénommé Programme européen d'aide aux plus démunis (PEAD), plusieurs pays européens notamment l’Allemagne, le Royaume Uni, les Pays-Bas désirent tout simplement le supprimer alors qu'il nourrit directement 18 millions de personnes chaque année, selon les chiffres officiels. La seule concession qui a été faite aujourd’hui est de le maintenir en vie dans le nouveau budget tout en lui réduisant les moyens.

Alors, se pose la question de savoir comment cette Europe qui ne veut pas aider ses propres pauvres sur son sol pourrait-elle aller aider les africains. La charité bien ordonnée commençant par soi-même, comment réduire les aides à ses propres enfants pour aller nourrir ceux des tiers ? A présent qu’on voit ce que l’Europe décide à propos de ses propres pauvres, telle doit être la question que chaque esprit averti doit se poser. Pendant des décenies et des décenies, la propagande a fait croire sur tous les toits que l’Europe, l’Occident plus largement aide les africains. Cette propagande largement diffusée et relayée par des laquais africains appelés abusivement « dirigeants africains » a non seulement augmenté le mépris et la haine que nombre d’occidentaux ont pour les africains, car se disant privés de ressources au profit de fainéants africains, éternels assistés, mais aussi et surtout elle a distillé dans des cerveaux africains l’idée qu’il existerait quelque part de bons samaritains qui se préoccupent de leur état. Ainsi, aussi souvent que possible, on entend de la part de beaucoup d’africains des phrases telles que : « nous demandons l’assistance de l’Union Européenne », « nous demandons l’aide de la communauté internationale », « nous appelons la communauté internationale au secours ». Cette communauté internationale étant l’Europe et ses fils que sont les Etats-Unis d’Amérique et le Canada.



Or, il n’y a rien de plus faux. Car ce qu’on appelle l’aide, c’est une escroquerie, une entreprise savamment pensée et créée qui consiste à fourguer aux satrapes africains les moyens de toute sorte pour les garder au pouvoir contre la livraison des matières premières agricoles, minières et minéralières aux pays dits donateurs. Ce système de transfusion sanguine de l’Afrique vers les « pays donateurs » ne se limite pas qu’à ces matières, car elle inclut les ressources humaines. Ainsi donc, des centaines de milliers d’africains physiquement et intellectuellement outillés sont transférés gratuitement vers ces pays dits du Nord. L’Afrique se trouve donc perdante sur tous les tableaux quoiqu’une certaine école de pensée tente de compenser cette gigantesque perte par des transferts d’argent et d’autres matériels usés par les immigrés africains dans leur pays d’origine.

Comme on peut donc le voir, l’Europe qui "frappe le ventre" de ses propres pauvres ne peut pas aller aider les autres, notamment les africains. Ceci n’est que pure logique. Et ce n’est pas aujourd’hui qu’on apprendra à l’Occident la rationalité mathématique qui caractérise chacun de ses faits et gestes. L’Union européenne vient de le prouver avec cette réduction d’aide à ses pauvres. Tout ce qui ne rapporte pas est à jeter, mieux tout ce qui coûte doit être réduit puis abandonné, voilà la logique occidentale. Aucun pays, aucun peuple n'aide un autre à se développer comme le fait croire la propagande de "l'Aide au développement". Il ne s'agit pas de théorie de complot. C'est bien connu depuis la nuit des temps que les Etats -les vrais- se comportent comme des Hommes. Ils ont des intérêts, ils ne peuvent pas se permettre de donner leurs ressources aux autres, ils se livrent une rivalité sans merci à l'issue de laquelle les faibles sont mangés sans remord aucun, ils sont guidés par l'intérêt national qui engendre une rationalité politique... Et ce n'est pas Hans Morgenthau pour qui la politique c'est la domination qui dira le contraire en tant qu'un des fondateurs du réalisme dans les relations internationales. 

Il revient donc aux africains de saisir cette réalité une fois pour de bon au travers de cette décision et d’enfoncer définitivement dans leurs crânes qu’il n’y a plus immense illusion que la croyance en une aide extérieure. Au demeurant, cela fait des siècles que « l’Afrique est aidée ». Le bilan se passe de tout commentaire. Car, là où on parle d'aide, il n'y a qu'une gigantesque machine à escroquer l'Afrique. C'est connu de tous les décideurs européens et occidentaux qui ne se lassent d'ailleurs pas de rire de ces "africains qui ne se développent jamais malgré toute l'aide au développement reçue".

Endettés par l’argent et par des dons qu’ils n’ont jamais vus, les africains se trouvent à payer encore et encore. Piégés, ligotés, poussés à douter d’eux-mêmes, les africains sont gardés ainsi en esclavage. Situation cruelle si bien même qu’on peut, au nom de cette fantomatique aide qui reste ou retourne dans les coffres de paradis fiscaux pour ensuite financer les partis politiques européens et les pouvoirs tyranniques africains, soumettre les africains, esclaves de leur état, à n’importe quel chantage et à n’importe quelle menace. Cette situation doit cesser. Mais elle ne pourra l’être que si un nouvel ordre naît en Afrique à la suite d’une destruction du désordre à lui imposé comme un ordre établi. Ceci demande une masse réunie, formée, informée et structurée dans des cadres organisés pilotés par un leadership muni d’un tableau de bord bien élaboré à partir d'une parfaite connaissance de l'Afrique, de son histoire ainsi que de la parfaite maîtrise des lois qui gouvernent l'ordre mondial actuel et futur prévisible. Car, il ne va pas suffire de déconstruire cet ordre cannibale qui, nul part, ne s’est jamais laissé abattre facilement, mais il faudra savoir ce par quoi il sera remplacé et les instruments à mettre en œuvre pour sanctuariser définitivement cette nouvelle édifice africaine tournée prioritairement vers la satisfaction des besoins de ses propres enfants. 

KPOGLI Komla
Secrétaire Général du MOLTRA

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