samedi 19 mai 2012

Redécouvrir notre passé pour reconstruire l'avenir.

Quelques esprits hypertrophiés et probablement repus et tranquillisés par l'illusoire amitié de l'Occident tentent de peindre l'homme africain comme un homme en sanglots et qui se victimise à longueur de journée. Ces esprits, malicieux et conquis soi-disant par la rationalité eurocentrique, veulent nous convaincre que l'homme noir n'a pas à regarder son passé et qu'il n'a pas à construire des liens de fraternité avec ses congénères sur les malheurs qu'ils ont collectivement subis. 

Aussi, ces esprits nous intiment l'ordre de ne regarder que le futur qui, selon eux, doit être construit. Si personne ne peut nier que le futur africain attend d'être construit, il est tout de même drôle voire saugrenu de concevoir une telle construction à partir de rien. L'Afrique n'est pas une page blanche. Elle a une histoire, une longue histoire qui doit être prise en compte. A la vérité, si l'Afrique reste dans cet état de colonisation, c'est que son histoire lui a été volée. Son histoire a été pervertie et totalement réécrite si bien même que l'homme noir ne se souvient plus de sa provenance pour imaginer sa destination. Demander à un peuple de tirer un trait sur son passé, c'est le condamner à le revivre.

Cette réécriture de l'histoire africaine a interverti les bornes des concepts et présente à l'homme noir son pire ennemi comme son meilleur ami. Inversement son propre frère lui est montré comme son ennemi mortel contre qui il doit guerroyer. Dans cette situation où on voit l'homme noir doté des armes de sa propre destruction, l'histoire reste donc une boussole. Partir de soi pour revenir à soi, tel est le processus qui éclaire une société et assure son développement. Mais cette histoire pour être féconde, ne doit pas disposer pour le passé, elle ne doit pas se limiter à la louange de notre glorieux passé. Elle ne doit pas nous conduire à nous immobiliser et à nous satisfaire de la grandeur qui n'existe plus. Elle doit, au contraire, nous propulser, à partir des fondations solides, à partir de nos racines, de nos valeurs, de nos douleurs passées et présentes et de nos espérances, vers l'avenir. C'est pourquoi nous répondons à ces esprits hypertrophiés: Africains, voulons-nous nous reconstruire, commençons par redécouvrir notre passé et agissons, à partir de cette redécouverte, comme un seul peuple, car historiquement nous le sommes. 

Komla KPOGLI

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