vendredi 31 juillet 2009

SEMAINE DES PATRIOTES A LOME

Compte rendu de la deuxième édition

Du 22 au 29 avril 2009, la salle de CESAL de Tokoin Séminaire à Lomé a abrité la semaine des patriotes, une initiative de la jeunesse Unie pour la Démocratie en Afrique (J.U.D.A) en mémoire des martyrs de la démocratie au Togo. En effet, à travers cette semaine des patriotes la J.U.D.A. a décidé de la commémoration régulière en mémoire des patriotes disparus tragiquement avec l’intervention brutale de l’armée lors des échéances électorales du 24 avril 2005. Une tragédie et une boucherie humaine inacceptable dans un Etat de droit moderne où l’existence de l’être humain est au centre de toutes les préoccupations.

Des conférences-débats ont sanctionné cette semaine d’actions. Les thèmes inscrits à l’ordre du jour s’articulaient de la façon suivante :

L’impunité au Togo. Où en est le Togo ?
La dette du Togo.

Le problème de l’alternance démocratique.

L’insécurité et la criminalité au Togo.

Les participants ont également dialogué sur certaines questions épineuses et préoccupantes à savoir : Comment sortir le Togo de la misère et la pauvreté. A cela il faut ajouter l’itinéraire de la conquête de l’indépendance du Togo.

1- L’ouverture

Le Président de la J.U.D.A. Benjamin NALIALI dans son discours d’ouverture a d’abord souhaité la bienvenue aux uns et aux autres. Il a pris soin utile de remercier vivement tous ceux qui de près ou de loin ont apporté leurs contributions pour la concrétisation de cette deuxième édition de la Semaine des Patriotes.
Dans son développement, M. Naliali a déclaré : « pour éviter la monarchisation du pays et la perpétuation de la dictature, les différentes couches sociales doivent militer davantage. Ceci, pour rendre la lutte plus efficace et plus accrue en faveur d’une alternance démocratique réelle au Togo. »
Abordant les thèmes, le Président de la J.U.D.A a dit que tant que la question de l’impunité n’est pas réglée au Togo, la réconciliation nationale est un leurre. Il s’est beaucoup appesanti sur l’alternance démocratique au regard de l’actualité brûlante du pays. Pour le problème de Comment sortir de la misère, il a précisé qu’il est possible de réduire la pauvreté si les ressources humaines sont revalorisées avec un fonctionnement normal des institutions étatiques.

2- Le développement des thèmes

2.1- Lutte contre l’impunité : où en est le Togo ?

Traitant la question de l’impunité Monsieur VE-HETOWOSSI, membre d’Amnesty International Togo a fait une autopsie complète de la violation massive et régulière des droits humains au Togo. Il a cité l’exemple du camp d’extermination de Kazaboua à l’époque d’Eyadema où des exécutions sommaires se déroulaient. En fait, il a rappelé les crimes crapuleux commis au Togo depuis des décennies. M. Hotowossi a insisté que l’impunité soit enrayée pour que le Togo retrouve le chemin de la démocratie et de la paix véritable.

2.2- Comment sortir le Togo de la misère et de l’appauvrissement?

M. Guy SIEKRO, ex-président d’Amnesty International – Togo, a développé le sujet : comment sortir le Togo de la misère et de la pauvreté ? Avec clairvoyance le conférencier, après avoir précisé la notion de la misère et de la pauvreté, a clairement laissé entendre à l’auditoire qu’il n’est pas impossible de régler ces problèmes. Car selon lui les ressources humaines sont inexploitées et mal valorisée. Pire, les institutions étatiques sont inadaptées aux réalités sociopolitiques. De plus, les autorités togolaises ont placé le pays en dessous du seuil de l’évolution technologique. L’économie togolaise est extravertie et mal adaptée à la conjoncture internationale portant ainsi atteinte à la souveraineté des Togolais. Pour le conférencier, il faut revoir la formation des ressources humaines en misant sur une adéquation entre la formation et l’emploi. Il faut également revoir comment faire afin que les institutions étatiques puissent jouer leurs rôles au service du développement durable pour le progrès et le bonheur partagé des togolais mais aussi des frères et sœurs de la sous-région ouest africaine. « L’économique tient nécessairement le politique en état », a dit le conférencier pour qui une société paisible passe obligatoirement par une embellie économique.

2.3- La dette du Togo : naissance, estimation, gestion et conséquences.

Quant au Ministre ALIPUI du GRAD (Groupe de Réflexion d’Action pour le Développement) après avoir rappelé l’origine de la dette du Togo axée sur la mauvaise gouvernance et l’imprévoyance des autorités successives du Togo depuis le régime impopulaire d’EYADEMA jusqu’à ce jour. L’éminent conférencier a insisté sur les conséquences désastreuses de cette dette. Il considère la dette comme un lourd tribut pour les générations à venir notamment la jeunesse. « Le Togo s’est embourbé dans sous une tutelle avec une économie éternellement sous perfusion occidentale » a-t-il déclaré. Selon le Ministre ALIPUI, l’aide financière octroyée au Togo est un soutien financier empoisonné et incompatible avec l’émancipation économique du Togo. « Le Togo est cycliquement endetté » a-t-il martelé à l’endroit de l’auditoire. Il faut non seulement prendre des mesures curatives mais aussi préventives en vue de sevrer le Togo de l’aide extérieure et l’insérée sur la liste des nations débout. Dès lors, il faudra développer les micro-finances, diminuer le taux d’intérêt afin qu’il soit un instrument au service du développement durable du Togo. « Pour sauvegarder sa souveraineté l’Afrique et notamment le Togo doit se mettre à l’abri de l’aide extérieure », a-t-il conclu.

2.4- Election présidentielle de 2010 : l’alternance aura-t-elle lieu et quel rôle de la jeunesse ?

M. Emmanuel ATCHADE, observateur avisé de la scène politique togolaise a proposé des pistes de réflexion à propos de l’alternance démocratique lors des prochaines échéances électorales de 2010. Partant des échecs lors des élections précédentes, le conférencier a fustigé non seulement les partis politiques mais aussi la société civile y compris les forces de l’ordre. S’adressant aux partis politiques, M. Emmanuel ATCHADE a relevé l’immaturité et la passivité totale de la famille politique notamment ceux de l’opposition. « Au moment où le RPT prépare des élections frauduleuses par tous les moyens, l’opposition est passive et contemple l’adversaire ».

Pour M. Emmanuel ETCHADE, la société civile n’est nullement en quête d’une stratégie pouvant apporter les mutations politiques au sommet de l’Etat, dans l’intérêt bien compris de tous. Pour lui, l’armée ne s’est pas encore débarrassée de ces vieilles méthodes. Inféodée au pouvoir et dressée dans une culture de parti unique, l’armée togolaise n’est pas prête à accompagner le Togo, vers des élections libres et transparentes. En clair, pour espérer un changement en 2010, il faut revoir les stratégies de lutte. Pour lui en ce qui concerne la gestion des verdicts des urnes, la cour constitutionnelle doit constituer un comité d’observateurs au même titre que les observateurs internationaux. Cette obligation pèse également sur les membres de la CENI. Les résultats de ces deux organes recueillis différemment doivent être dépouillés de façon publique en présence de tous les partis en compétition.

3- Projections de films

Le 22 avril, il y a projection d’un reportage de 15 minutes sur la présidentielle de 2005 au Togo suivie de discussions. Puis le samedi 25 avril, le film « LA MASCARADE » a été projeté. Ce film qui trace la tragédie humaine qui a accompagné la présidentielle de 2005. Dans une vive émotion, l’auditoire s’était interrogé si avec un tel fonctionnement des armées africaines notamment celle du Togo, l’Afrique peut-elle un jour marcher avec les valeurs républicaines et démocratiques ? Les images des massacres ont été tellement choquées que l’auditoire et les responsables de la Jeunesse Unie pour la Démocratie en Afrique (J.U.D.A) après un débat démocratique, ont fait des recommandations.

La J.U.D.A a cet effet recommandé :

- Pour une libre compétition électorale sur toute l’étendue du territoire en 2010, la présence d’une armée internationale notamment les casques bleus de l’ONU. Cette présence permettra de cantonner les FAT. L’ONU ne doit pas seulement être dynamique et compétente dans le dénombrement des cadavres à chaque échéance électorale en Afrique. Mais plutôt dans le sauvetage des urnes.
- A propos de l’armée togolaise et ses milices, la J.U.D.A recommande qu’elles abandonnent ces vieilles méthodes. L’armée doit apporter sa contribution à l’unité nationale et non à la multiplication des problèmes du peuple togolais.
- Quant à la société civile elle doit se mobiliser régulièrement, s’organiser mieux et réclamer ses droits comme le 24 avril 2005.
La J.U.D.A recommande que les criminels, auteurs de la tragédie humaine du 24 avril 2005 soient punis conformément à la loi. Ces sanctions soigneront les plaies d’un passé cruel et constitueront un boulevard menant tout droit à la réconciliation nationale.

4- Observations sur la présidentielle de 2010.

Pour les futures échéances électorales le Président de la J.U.D.A se dit pessimiste car non seulement l’armée est anti-républicaine et inféodée au pouvoir mais et surtout l’opposition est en panne de stratégies pour la conquête du pouvoir d’Etat. Il n’y a pas d’opposition organisée au Togo. Les partis politiques donnent le sentiment qu’ils sont fabriqués pour la conquête du fauteuil du Premier Ministre. Autant d’erreurs politiques qui ont conduit le président de la J.U.D.A à déclarer que l’alternance démocratique n’est pas pour demain. Toutefois, a-t-il conclu si des mesures sont prises d’urgence en tirant les leçons du passé, l’espoir est alors permis.

5- Conclusions

A l’issue de ces débats qui ont duré près d’une semaine la J.U.D.A se dit satisfait car, elle a offert la possibilité aux citoyens de prendre la parole. La question de l’impunité a été l’épicentre de toutes les préoccupations. Tous les participants ont indiqué que la réconciliation nationale n’est possible que si cette équation est résolue.

Pour la J.U.D.A
Le président, Benjamin NALIALI

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Très intéressant! Merci!

En effet, la démocratie ne s'installera pas en Afrique avec un coup de baguette magique! C'est un sujet très complexe, et cette analyse peut aider à y voire plus clair;

http://www.unmondelibre.org/Lottieri_Martin_detournement_democratique_070809