dimanche 22 avril 2007

Armée et Elections en Afrique: cas du Togo








Compte rendu de la conférence

Armée et élections en Afrique : cas du Togo. C’est le thème d’une conférence débat organisée ce samedi 21 avril 2007 à 14 heures 30, au CESAL de Tokoin Séminaire, par l’association Jeunesse Unie pour la Démocratie en Afrique (J.U.D.A). C’était pour la J.U.D.A, le lancement d’une semaine d’activités en mémoire des victimes (disparus, blessés, exilés...), des violences du avril 2005, que l’association appelle « Semaine des patriotes ».


Au cours de la conférence, les responsables de la J.U.D.A ont déclaré qu’ils changent de méthode de communication en expérimentant « l’Ecole de la démocratie où tout les participants sont conviés à prendre la parole sur le thème. »

Dans ses mots de bienvenue, Benjamin NALIALI, Président de la J.U.D.A, a brièvement précisé que l’objectif de son organisation en parlant de ce thème n’est de vilipender l’armée mais de voir justement quel est son rôle en matière électorale. Prenant à son tour la parole, le Secrétaire Général, Rodrigue KPOGLI a déclaré dans une introduction liminaire, que les élections constituent une procédure permettant à une population de choisir ses dirigeants. Après avoir fait la distinction entre l’armée et la police, M. KPOGLI a ajouté que dans la procédure conduisant au choix des dirigeants, l’armée n’a d’autres rôles à jouer que de sécuriser le processus électoral en veillant à l’intégrité des frontières nationales. Mais « curieusement, dans beaucoup de pays africains et particulièrement au Togo, ce sont les armes qui ont remplacé le peuple dans la dévolution du pouvoir. Cet état de choses, est une entorse hautement grave à la démocratie et à l’évolution de la société togolaise. » En exemple, il a cité le rôle de l’armée lors des élections présidentielles de 1993, de 1998 au cours de laquelle la Commission Nationale Electorale a été dissoute, de 2003 et surtout en 2005 avec le vol des urnes et le massacre des populations togolaises.

Pour Rodrigue KPOGLI, l’armée doit laisser le jeu démocratique se faire par le peuple. « La mission de l’armée n’est de choisir les dirigeants d’un pays » a-t-il martelé. « Au moment où les élections législatives s’annoncent au Togo, il nous paraît fondamental de rappeler ceci aux forces de défense et de sécurité. » précisait-il.

Dans les échanges avec les participants, il est à noter que beaucoup ont montré leur intérêt pour les activités de la J.U.D.A et salué le thème qui sert de lancement de la Semaine des Patriotes.
Sur la question proprement dite, les intervenants ont unanimement désapprouvé l’implication de l’armée dans le choix des dirigeants. Ils ont établi en de termes variés mais clairs que si le processus démocratique marque le pas au Togo c’est bien parce que l’armée ne veut pas laisser le peuple désigner ses guides. Tous ont souhaité que ces agissements cessent pour le bien du Togo. Ils ont aussi insisté sur le renforcement des relations civilo-militaires, la formation civique et la fin de l’impunité... pour qu’un Togo nouveau émerge.

Les débats ont été d’autant plus riches que les organisateurs avaient donné l’opportunité aux participants de dire ce qu’ils pensent et n’ont eu finalement qu’à jouer la modération lors des échanges entre participants. C’était véritablement un bel exemple d’école de démocratie !

Concluant les travaux, M. KPOGLI a déclaré qu’il est impératif que l’armée togolaise cesse de se substituer au peuple dans la désignation de ses dirigeants. Il a asséné : « en réalité c’est l’armée togolaise qui, par ses multiples répressions, a poussé l’Union Européenne et les autres bailleurs de fonds, à suspendre leur coopération avec le Togo. Il est temps qu’elle le comprenne et qu’elle fasse des efforts pour faire évoluer les choses. » Le Secrétaire Général a proposé entre autres mesures : la fin de l’impunité au Togo, la suppression du vote des forces de défense et de sécurité 72 heures avant les autres citoyens pour qu’elles votent le même jour que les autres ou leur transformation en une composante neutre qui ne vote pas du tout, la soumission de l’armée au pouvoir civil démocratiquement élu ; pour que l’armée togolaise sorte des processus électoraux.
Notons que Claude Améganvi, du Parti des Travailleurs a fait une intervention très riche lors des échanges. Il parlé notamment de la dissolution de l’armée togolaise qui fait partie du programme de sa formation politique dans son point 2.

D’autres séances de discussions, de rencontres (notamment la célébration du 27 avril 2007 à 10 heures au CESAL avec une projection de film sur l’indépendance du Togo suivi de débats avec d’éminentes personnalités...), devront meubler la Semaine des Patriotes qui prend fin le dimanche 29 avril prochain avec des cérémonies religieuses en mémoire des « Patriotes Martyrs ».

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